top of page
  • Photo du rédacteurClaudine

L'Huanuni



CharmingPrince102703, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons


A 4.000 mètre d'altitude, enfuis sous une poussière grise et une pauvreté écrasante, les villages miniers de Llallagua, Cataci, Huanuni ressemblent aux travaux forcés à perpétuité.


La plupart des enfants de la Casa nous viennent de cet enfer misérable.Les petits orphelins sont nombreux, livrés à eux-mêmes dans un site polué à l'extrème par les produits utilisés pour nettoyer les métaux. Pour continuer à vivre, ils descendent dans la mine dès l'âge de 10 ans, se mettent à boire l'alcool frelaté que buvaient leurs pères, ne connaissent pas l'école.


Depuis quelques années, Aldea S.O.S (l'équivalent bolivien de "Enfants Secours) nous envoie les petits sans ressources, seuls dans la vie pour que nous leur donnions un chance de sortir de cette misère noire qui les envahit. Toutes ces mines se trouvent à quelques kilomètres de Oruro et ne sont pas les seuls endroits de la Bolivie profonde que les touristes ne visitent pas. Les aisés du centre ville disent ne jamais en avoir entendu parler comme de Sora Sora ou du barrio Métabol où les enfants courent à pieds nus parmi les quelques cochons d'élevage. Beaucoup de mères de familles et de jeunes filles se livrent à la prostitution pour gagner quelques bolivianos. Les enfants sont à l'abandon, souvent ils n'ont même pas été déclarés, ils n'ont pas de nom, ne sont personne...Avant d'entrer à la Casa, un médecin Oblat belge les examine et établit un dossier pour chacun d'entre eux. Nous recueillons des enfants violés, marqués par une vie de débauche . La psycholoques les prend en charge tandis que Silvia et le personnel bolivien leur prodique tendresse et amour , les éduquent et les occupent pour oublier "un peu" . Les jeux et les ateliers sont organisés pour qu'ils se sentent en famille. Il faut aussi établir les identés, les déclarer à la commune pour obtenir les papiers nécessaires , les mettre à niveau pour avoir l'aurorisation d'entrer à l'école..

 

La vie à la mine.


Depuis l’époque espagnole, les réserves d’étain s’épuisent ; les mineurs groupés en coopératives exploitent les mines abandonnées par l’état. Ils ne bénéficient d’aucune protection sociale, c’est Germinal en direct à l’aube du 21ème siècle.

Dans les entrailles de la montagne, les mineurs font exploser les filons stériles. Ils remontent 40 kg de roche sur leur dos et les familles se relayent pour les écraser à l’aide d’énormes « demi-lunes » de pierre munies de deux poignées.

La quantité de minerai récolté n’est pas importante mais, avec un peu de chance et beaucoup de travail, le revenu d’une famille atteint plus ou moins 15 EUROS par mois. La silicose est la maladie la plus répandue parmi les mineurs ; ils ont une espérance de vie moyenne de 42 ans.

La poussière de roche est tamisée puis lavée dans des bains de cyanure ; le cyanure provoque la pollution des lacs et rivières.

Les enfants descendent dans la mine parce qu'ils n'ont pas d’autre alternative. Jose et Juanito voudraient échapper à la vie qu’ils mènent. Vivre à la ville, seuls et démunis, les inquiète. Alors, ils restent, comme leur père, comme leurs frères.

C’est dimanche. Les chantiers sont déserts. Les quelques nuages présents dans le ciel jouent à un subtil jeu d’ombres et de lumière avec les contreforts des Andes. Les couleurs varient, formant des dégradés inattendus. Nous descendons vers les marchés de Catavi.

Les mineurs font leur marché à Catavi, ils ont besoin d'alcool de feuilles de coca et de quelques bâtons de dynamite pour passer une quinzaine d'heures sous terre puis de remonter des blocs qu'ils écraseront et tamiseront

Huanuni

Les coopératives de mineurs ont progressivement dilué leur objectif social. La plupart fonctionnent comme des entreprises privées, recherchant les bénéfices et surexploitant leurs travailleurs affiliés. Au fil des ans, les "cooperativistas" ont gagné le surnom de "déprédateurs". Jeudi, ils ont littéralement attaqué, dans l'intention de les déloger et de les supplanter, les 1.200 mineurs qui travaillent dans la mine de Huanuni, des salariés de l'entreprise publique COMIBOL (Corporacion Minera de Bolivia), propriétaire de l'exploitation. Les victimes appartiennent aux deux camps.Les combats à la dynamite, au fusil et à coups de pelle ont fait les 5 et 6 octobre 2006 en Bolivie 16 morts et 81 blessés lors d'affrontements entre mineurs pour le contrôle de la mine d'étain de Huanuni, la plus importante d'Amérique du Sud.


9 petits orphelins nous viennent de Huanuni, le village a été complètement détrui par l'explosion de pneus de camion remplis de dynamite. Parfois pour survivre dans de pareilles conditions, il faut tenter d'oublier les rancoeurs et la sauvagerie des hommes. Rien ne fut facile dans la courte vie des enfants de la Casa mais quand on voit leur sourire et leur joie de vivre chez eux, en famille, dans la grande maison, que pourrions-nous demander de plus sinon l'aide et le soutien de chacun.

bottom of page