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  • Photo du rédacteurClaudine

Fils du Soleil


L'ombre des fils du Soleil.

Franchement petits, ciselés comme des statuettes de Tanagra, les traits fins et la voix douce, ils parlent une langue mélodieuse. Ce sont les fils du Soleil, les descendants de l'Inca.

Les Indiens ne se sont jamais habitués au Christianisme importé par les Espagnols. D'ailleurs, comment croire en une religion enseignée par les Conquistadores qui les volaient tout en prêchant la charité ? Dans les Andes, on adore le soleil, la lune, la terre...

La sécheresse, les tremblements de terre ou les inondations et les glissements de terrain sont des phénomènes devant lesquels ils se sentent démunis, il est donc impossible d'espérer en un Dieu Bon, Unique et Incapable de dominer la nature.

La religion pratiquée par les Indiens est une cohabitation étroite entre le paganisme et le catholicisme. On considère comme religieux tout ce que l'on ne peut expliquer ou plutôt tout ce que l'on ne comprend pas.

Inti, le soleil est incarné par la figure divinisée de l'Inca; Pajsi, la lune marque les rythmes agraires; Warawara, les étoiles éclairent le chemin de la voie lactée, là où l'on devient sublime; Hairarata, le vent, est l'époux de la terre mère (Pachamama) à laquelle tout Indien offre toujours la première goutte de sa chicha ou de son api.

Curmi, l'arc-en-ciel dont les couleurs troublantes sont responsables de la grossesse des jeunes filles est-il le diable ? Non, le diable indien est un personnage bien plus important, son nom est Supay, il est le propriétaire du "Socavon" tunnel de la mine, il permet de découvrir ou non le bon filon. Son visage est celui du Conquistador espagnol.

Supay est aussi le Satan chrétien et plus il y a de divinités, mieux on sera protégé. La Vierge ressemble tellement à la Pachamama qu'on pourrait les fêter ensemble, le Christ est le Soleil lui-même d'autant plus que Inti, le Soleil Inca est aussi un dieu qui pleure comme celui qui habite le centre de la Porte du Soleil.

Dans l'Altiplano, le foetus de lama est sacré. Les Indiens l'enterrent toujours dans les fondations de leur maison, de leurs ponts. C'est un porte-bonheur et même si l'on a un diplôme d'ingénieur en poche, on ne déroge pas aux traditions ancestrales.

La médecine est aussi bien différente de la médecine européenne, ils connaissent les vertus des plantes et savent s'en servir mieux que quiconque.

Le véritable médecin indien, le savant traditionnel, le Kallahuaya est à la fois sorcier et guérisseur. ( Kallawaya signifie en Quechua "celui qui porte des plantes sur le dos." ) Ils sont connus depuis très longtemps pour leurs voyages à travers le monde andin, et plus loin encore, pour soigner et pour guérir. Aujourd'hui, tous les Kallawayas ne sont pas médecins mais ils connaissent tous une partie plus ou moins importante des secrets des plantes et des rituels magiques. Les herbes de la montagne ont des propriétés toute-puissantes et les Amautas, ces hommes sages qui enseignent les traditions, disent aussi que grâce à certaines de ces herbes, la montagne elle-même parle aux Indiens. Ici, tout est vivant, ce qui revient à dire que tout est divin.


Il suffit de le sentir comme les Indiens le ressentent pour que toute impression de solitude s'envole. La thérapeutique des guérisseurs Indiens est fiable.

Les sages étaient déjà choisis par les empereurs Incas et les hauts dignitaires de la Cour pour leurs connaissances profondes de la médecine. Outre le principe de la pénicilline et terramycine qu'ils connaissent depuis des siècles, ils possèdent nombre de recettes puissantes qu'ils composent à partir des règnes végétal et animal.

Le prestige des Kallahuayas est toujours considérable. On les craint car on les sait capables d’infliger la maladie et la mort comme de procurer la guérison et le bien-être du corps et de l'âme qu'ils ne dissocient jamais. Ils accordent la plus haute importance à l’aspect psychologique de la maladie et du traitement, et font usage d’une habileté rare pour sauver des vies.

Le Kallahuaya garantit, sauve ou rétablit l’équilibre entre l’homme, son âme, sa communauté et les divinités.

Le temple


Bien sûr, une partie de ce trésor s’est déjà perdue, et les Kallahuayas ne réalisent presque plus d'opérations chirurgicales, notamment les trépanations, qui avaient contribué à porter leur célébrité aux quatre coins de l’Empire Inca. Mais il reste énormément de ce savoir précieux. C’est un capital inestimable pour les pays andins, et le laisser disparaître serait une erreur impardonnable.

Bien que la médecine soit la fonction la plus commune du Callahuaya, elle ne constitue pas sa seule activité. Le sorcier peut détourner de son groupe tout danger qui le menace. Lorsqu’un groupe d’indiens se sent mal à l’aise, angoissé, le Kallahuaya, pour rassurer les siens, va communiquer avec les divinités. Pour cela il se sert d’amulettes, de divers ingrédients (tels que les fœtus ou la graisse de lama, l’alcool,…) qu’il brûle en guise d’offrandes.

Les sorciers aident aussi leur communauté en prophétisant l’avenir, pour cela ils se servent des feuilles de coca ou des entrailles des animaux sacrifiés.

Ils peuvent avoir un entretien personnel avec un esprit. Certains Kallahuayas tirent leur science du futur en envoyant leur âme vers le soleil qui sait tout, qui voit tout.

Le savoir du sorcier-guérisseur, pour être efficace, doit faire partie d’un système conceptuel partagé. En tant que médecin, conseiller et guide , il est le personnage le plus influent dans sa communauté. Son savoir est si précieux que sa disparition entraînerait la ruine de son peuple.

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