
Dans le décor le plus étonnant du monde : une plaine immense et sablonneuse, le territoire des Indiens Chipayas est situé dans la Province d’Atahualipa.
La plus grande partie des activités à Chipaya comme à Ayparavi est liée aux rites et traditions comme une conditions indispensable à la vie. Les légendes, les mythes et les célébrations ont été très peu influencés par le christianisme imposé par les conquistadors.
Les dieux sont généralement des éléments de la Nature qui offrent la possibilité d’une vie meilleure : le rio Lauca, la Pachama, la montagne du Sajama, El Mallku (la tour de l’église, les pumas et les condors).C’est là que chaque année nous étions invités pour les fêtes de la Toussaint.
On nous avait offert une de ces jolies petites maisons rondes au toit de paille, sans meubles, appelée walicha. Juan dit : « L’habitation du plus pauvre est la plus jolie. Jamais elle ne contient de richesses matérielles, c’est bien plus que ça, c’est le refuge absolu.
C’est aussi la plante qui n’a pas besoin de racines pour subsister, l’esprit y habite. »
Le 29 octobre 2005 dans la journée, nous rencontrons le yatiri pour la première fois, il s'adresse directement à Claudine et lui dit :"ta soeur va faire un long voyage et ton papa est mort depuis 20 ans, tu dois le laisser partir il ne trouve pas le chemin si tu l'appelles sans cesse. Fais sa table la nuit prochaine et faites attention aux mauvais esprits tous les deux "Ce jour-là, nous passons la journée avec une amie qui nous explique que c'est un jour spécial et qu'il ne faut pas avoir peur : des affiches punaisées au mur de sa petite maison de chipaya se décollent comme si quelqu'un passait entre le mur et les affiches. notre amie ne s'en émeut pas , c'est ainsi chaque année à la même période, ce sont les âmes qui se promènent.
Le soir nous rentrons pour dormir dans notre walicha où les nuits sont d'habitude si paisibles. La porte est une simple tôle sans clé mais c'est encore la coutume. En approchant nous distingons une silhouette noire avec des yeux très rouges assise contre le mur rond de la walicha. nous entrons tout de même,la sihouette s'installe et nous passons unec nuit blanche et effrayante sans comprendre.
Le matin nous filons chez notre amie pour raconter, elle sourit et nous dit "vous n'êtes pas sortis de la walicha, il ne pouvait rien vous faire ce n'était qu'un mauvais esprit "Les Chipayas vénèrent leurs ancêtres. Chaque 1er et 2 novembre, ils exhument leurs défunts, leur font des offrandes et leur demandent protection. Dans le petit cimetière sans murs, les sépultures sont toutes pareilles.
Les invisibles sont ensevelis le visage tourné vers la porte de leur wallichi koya afin que les membres de la famille restent toujours en contact avec l'âme des ancêtres.
A la Toussaint, les parents dressent une table et sur la table, on dépose les cadeaux qui représentent le règne végétal, animal et minéral, on s'adresse aux défunts pour qu'il conseillent et protègent, on partage avec eux tous les soucis et les plaisirs de la vie au village.
A la fin de la cérémonie, les Chipayas s'octroient un long moment de réflexion sur les énigmes de la mort du corps et la continuité de l'âme.Le soir du 30 après avoir décoré les murs peints à la chaux nous dressons donc notre table, nous devions passer la nuit à 4; notre amie , une anglaise travaillant à l'ambassade (elle venait de perdre sa maman ) et nous 2. Nous avions déposé ce que nos défunts aimaient :vin, pain, cigarettes friansises etc....vers 2 heures du matin , alors que le silence régnait, l'anglaise s'écrie "elle m'a embrassée", Jean-Claude part en avant comme si on le poussait aux épaules et il me dit " c'est le geste de ton père" moi je sens la main de mon papa me caresser les cheveux.
2 jours plus tard le yatiri me dit "il est venu dire au revoir,laisse le aller" Je n'ai jamais plus eu la même peine.
A Oruro yatiri est venu allumer un feu à la casa pour lui porter bonheur, nous avons suivi ses consignes ; jeter dans le feu des petits gateaux en forme de tout ce qui manquait encore. quelque temps plus tard, une école changeait ses ordinateurs et offrait les anciens aux enfants de la casa. Il guérissait les malades en enduisant le corps nu de cendres, et entrait dans une sorte de transe mais nous n'avons pas expérimenté. Yatiri est un mot Aymara synonyme de "Chaman"
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