La Route de la mort
A la sortie de La Paz, les reciris (prieurs Aymaras) vous souhaitent un excellent voyage en promettant de prier pour vous. Vous voilà donc rassurés.
La descente à Los Yungas reproduit, en raccourci, les oppositions violentes de cette terre excessive. En 4 ou 5 heures de trajet, on gèle d'abord à 4.800 mètres pour transpirer ensuite à grosses gouttes puisque Coroico bénéficie de toutes les qualités d'un climat tropical sans les inconvénients. Il fait chaud mais moins humide que dans la jungle et les reliefs sont superbes.
Cette descente prodigieuse, sur une route étroite goudronnée sur quelques kilomètres seulement puis de terre battue jusqu'à Coroico fournit son pesant d' émotions dans ses virages en épingle à cheveux et ses précipices de plus de 1.000 mètres. On assiste à la spectaculaire transformation du paysage, depuis les moraines et les glaciers des Andes jusqu'aux palmiers et cactus de l'Amazonie. Chaque année, quelques cinquante camions plongent dans la végétation dense des précipices. Des petites croix de fer, ornées de fleurs en papier mauve marquent les signes d'un deuil tout le long de la route de la mort.
A cause de la fatigue et des horaires inhumains des routiers mal payés, les accidents sont nombreux sur cette piste de terre où l'on ne peut même pas se croiser. Mais si vous bravez le danger, vous rencontrerez les paysages les plus fantastiques en quelques heures et découvrirez les populations noires si sympathiques. Ce sont les descendants d' esclaves africains qui travaillaient dans les mines et ne ne se sont jamais métissés.
Les enfants courent pieds nus, offrant pour quelques bolivianos les fruits aux saveurs exotiques de leurs bananiers et mandariniers.
C'est dans cette région également que l'on cultive la coca, cet arbuste aux petites fleurs jaunes qui représente un élément essentiel à la vie dans les Andes.
La coca croît à l'état sauvage dans les Andes mais traditionnellement, la culture se fait aussi sur des terrasses taillées à même les pentes montagneuses.
Malheureusement, c'est avec cette petite plante que l'on fabrique aussi la cocaïne. Le Gouvernement Bolivien, soutenu par les USA tente sans discernement et par tous les moyens d'éradiquer la culture de la coca privant ainsi la population de ses traditions les plus anciennes.
Les Indiens des Andes, mal nourris, opprimés depuis des siècles, fatigués de parcourir à pied des distances inouïes, mâchent du matin au soir, une petite boule de feuilles vertes qui imprègne leurs dents et leurs lèvres d'une teinture indélébile. C'est le jus de la plante qui leur permet d'oublier la faim et le froid, les distances, l'altitude et les heures de travail au fond de la mine des familles groupées en corporations.
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